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Splendeur ou misère des courtisanes

vendredi 25 novembre 2011

 

un projet des Gazelles minimalistes

Splendeur ou misère des courtisanes proposait une expérience immersive et sensible à partir de l’univers évocateur de Valtesse de la Bigne, courtisane du XIXe siècle.

Ce projet était l’un des deux à utiliser un webnapperon et donc l’un des quatre à avoir recours à l’internet des objets.

Signalons tout d’abord un travail très important fait sur les textes et autour du corpus audio que vous pouvez retrouver en ligne sur la page du projet.

En couplant des objets et du son, on fait disparaitre les interfaces écran habituelles du numérique et le visiteur est beaucoup plus présent aux objets qui l’entourent et à l’univers de Valtesse de la Bigne. Le groupe aurait aimé pouvoir affiner la diffusion sonore et proposer un son plus intime, de meilleure qualité. Mais nous ne disposions que de peu de solutions de diffusion audio et le canon à son qui s’y serait certainement prêté était réservé par le projet "Savez vous garder un secret".
Avec ce dispositif sonore et les objets que l’on manipule, le lieu devient immédiatement habité, prend un autre sens. Le mobilier est mis en rapport avec l’histoire d’une vie. Il s’installe une certaine intimité bien qu’il n’ait pas été possible d’ajouter d’éléments scénographiques qui isole un peu plus le visiteur.

Ce dispositif était complété par un twitterwall et un système d’échanges via Twitter avec la courtisane. Le rapprochement physique des deux systèmes n’était pas forcément très heureux et on comprend que l’équipe ait cherché des paravents ou autre système pour isoler les espaces. Le twitterwall cassait un peu la disparition d’écran du dispositif précédent ( avec l’image projetée à côté du lit, il était évident qu’un ordinateur était par là, et la disparition technologique de l’Internet des objets ne fonctionnait plus) et enlevait l’intimité recherchée.

Par contre l’idée de converser, de pouvoir échanger avec une personnalité imaginaire est très prometteuse. Mais pour faire participer le public, il faut proposer des règles relativement cadrées sinon on ne sait pas comment engager la conversation, surtout avec Valtesse.
On entrevoit aussi les possibilités que pourrait ouvrir une conversation mi automatique mi-humaine. Qu’un robot réponde en général en langage naturel, mais que les médiateurs/community manager puisse prendre la main et surprendre le visiteur.

Autre point intéressant, le fait de faire apparaître dans l’espace museographié les échanges qui se déroulent sur les réseaux sociaux. Si on veut étendre dans le temps l’expérience de visite, si l’on veut interpeler et faire participer les visiteurs sur les réseaux sociaux, rien de mieux que de l’intégrer dans l’expérience de visite au sein même du musée. L’ensemble des visiteurs en prend conscience et est naturellement invité à entrer dans la discussion. Maintenant, comme nous venons de le pointer, cela nécessite un travail muséographique pour articuler l’espace d’immersion-intime et l’espace de conversation publique.

Nous avons aussi mis le doigt sur les risques liés à la dépendance technologique : la conversation se faisait via twiter, mais l’api Twitterest tombée en panne le dimanche matin. Du coup le dispositif était lui aussi en rade tout comme les angelinos qu’Albertine Meunier était en train d’installer à l’autre bout du musée (je la voyais se débattre avec l’api Twitter qui ne répondait pas dans la grotte d’Erasme). Parfum de fail-whale (encore un cachalot...) ce matin là.

Pour aller plus loin :
 pour ce qui est du son et de l’intime un autre projet de Museomix #1 Savez vous garder un secret ?
 pour ce qui est du dialogue via les réseaux sociaux avec un objet du musée : parole de squelette,
 Dialogue et twitterwall au musée : ask a curator.

Quelles sont les questions que ce dispositif pose au Musée des Arts décoratifs ?

  • Peut-on articuler des dispositifs muséographiques ou des espaces du musée avec les réseaux sociaux ?
  • Comment raconter des histoires ou s’appuyer sur des personnages pour créer un autre rapport aux collections ?
  • Les personnages comme "Valtesse de la Bigne" ne sont-ils pas de meilleurs vecteurs de communication voire des marques potentielles du musée ? (CF le tampon : "cet objet n’a pas appartenu à Valtesse de la Bigne")

Documents :

par Yves-Armel Martin