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Le Low tech : pour une innovation durable

mardi 12 janvier 2021

 

Low tech

Alors que la raréfaction des ressources ne peut plus être ignorée, faire plus avec moins est devenu une évidence. Face à cette nécessité, de nombreux entrepreneurs et structures se tournent vers le low tech.

Qu’est ce que le "low-tech" ?

Dans son mémoire de recherche en design Célia Gremillet définit le terme de low tech comme une "Oxymore décrivant les technologies simples et à faible coût écologique, qui se sont construites en opposition aux high tech, ou technologies de pointe. [...] Pourtant, au delà d’un domaine physique les low tech sont avant tout une posture, elles nous amènent à re-concevoir notre attitude face à la nature, que nous établissons par défaut comme infiniment exploitable."
Célia Gremillet - Numérique et low tech : pour un futur soutenable ? - mémoire de recherche - 2020.

Par ailleurs, l’article « Vers des technologies sobres et résilientes -Pourquoi et comment développer l’innovation low-tech ? », produit pour la Fabrique Ecologique sous l’égide de Philippe Bihouix, introduit l’idée d’utiliser des technologies sobres, agiles et résilientes pour des innovations durables qui prennent en compte les contraintes sur les ressources.

Face à des questions environnementales prégnantes, de plus en plus de métropoles se tournent vers le low-tech (voir notamment la publication Pour des métropoles low-tech et solidaires. Une ville plus simple, plus sobre, plus humaine) pour repenser la place de la technologie dans l’espace urbain. Erasme s’inscrit dans cette démarche, en remettant les hommes et les femmes au centre des pratiques et en interrogeant les besoins afin d’apporter des réponses sobres, simples et autonomes.

Erasme, un low tech lab ?

Une posture low tech

Depuis sa création, ERASME utilise implicitement des postures "low-tech", notamment au niveau de ses méthodologies de prototypage rapide.

La technologie au sens large, fait partie intégrante de la philosophie du laboratoire et de l’accompagnement des projets. Mais il s’agit d’une technologie proportionnée ou le savoir-faire et le sens pratique jouent un rôle fondamental. Ainsi, Erasme propose une Tech Shop permettant aux porteurs de projets de s’inspirer et de donner forme à leurs idées. L’objectif est de rendre accessible un certains nombre de ressources : de nouvelles technologies, permettant aux porteurs de projets et services de les découvrir, aux techniques plus anciennes, fiables et éprouvées qui vont se révéler au travers d’autres usages.

L’objectif d’Erasme est bien d’adapter la technologie aux usages et aux contextes d’utilisation. En effet, la technologie n’étant pas une fin en soi, les projets se basent sur des études fines des besoins et un suivi d’expérimentation permettant des choix techniques cohérents. Boussole [1]est un projet né du MDM Remix [2]sur les questions de l’accueil du public et des conditions de travail des agents. Ce projet répond à deux problématiques "Comment permettre aux associations et aux travailleurs sociaux de bien se repérer parmi l’offre importante des services et aides de proximité ? Comment renforcer le tissu solidaire sur le territoire de la métropole ?" . Boussole est donc un outil à destination des travailleurs sociaux et des structures d’aides permettant de dessiner le parcours social de l’usager en fonction de son profil et de ses besoins pour une orientation adaptée grâce à une base de données complète et à jour de tous les partenaires sociaux de la métropole (association, institutions publiques, acteurs de l’économie sociale et solidaire, centre communal d’action sociale, maisons de la Métropole). Alimenté selon un mode participatif (crowdsourcing) avec la mise à jour des informations par les travailleurs sociaux ou par les partenaires eux-mêmes, le dispositif évite l’écueil de la mauvaise orientation d’un usager due à des informations obsolètes. Les choix techniques et fonctionnels de ce dispositif sont issus de l’observation des pratiques et d’une phase d’expérimentation au cours de laquelle le prototype de Boussole à évolué de manière agile, suivant les retours d’utilisation.

La première ébauche de Boussole proposait la mise en place d’une intelligence artificielle qui créait automatiquement le parcours social d’un usager en fonction de ses besoins et de son profil. La réalité du terrain, avec des situations et des profils divers, a fait renoncer à cette solution. La Boussole ne peut pas et ne doit pas orienter un usager mais doit permettre aux travailleurs sociaux de prendre des décisions éclairées. L’outil technologique est ainsi passé du rôle d’intelligence sociale centralisée à celui de conseiller dédié, utilisant un vaste système de filtres pour suggérer au travailleur social les orientations les plus pertinentes.

Nous pouvons également prendre pour exemple DatAgora [3], un projet co-piloté par l’Université (IDEX et IMU) et la Métropole de Lyon visant à équiper le territoire métropolitain et ses acteurs d’un lieu immersif et interconnecté de valorisation de la donnée. Ce projet est au service de la mutualisation de ressources humaines et techniques mais également de savoirs. Il proposera, entre autres, un dispositif permettant une mise en représentation territoriale de thématiques diverses (telles que la végétalisation ou la mobilité) par le biais d’une maquette augmentée construite en LEGO. En effet, ce dispositif captera un certain nombres de données, en lien avec une problématique, qui seront projetées sur la maquette. Ainsi, il sera plus aisé de visualiser les espaces disponibles et viables pour végétaliser un quartier ou ceux correspondant à de potentielles pistes cyclables etc. Il s’agit donc d’un projet d’envergure avec de gros enjeux : l’aide à la décision, la médiation, l’analyse et l’interprétation de données basées sur une technologie avancée et un principe de LEGO très basique.

Incuber pour donner une chance à chaque idée

Si Erasme opte pour une approche low tech dans la réalisation de ses projets, il tente également de démocratiser une nouvelle façon de faire. En intégrant une fonction d’incubation, Erasme propose un accompagnement aux porteurs de projets dans le domaine de l’innovation publique (interne et externe) jusqu’à la généralisation par la mise à l’échelle du prototype. Tout comme la participation à des sessions collectives et collaboratives régulières conduit à la résolution de problèmes, l’accompagnement méthodologique et l’aide d’experts externes participent à la transmission de savoirs.

Lors de cet accompagnement, les équipes projets sont amenées à évaluer et étudier leurs contextes, leur usagers pour proposer une solutions juste, responsable et adaptée.

En privilégiant une approche low tech, le programme d’incubation donne forme aux idées de manière rapide et conduit à la réalisation d’un prototype fonctionnel et testable sur un temps plus court qu’avec une approche traditionnelle (gourmande en moyens, en énergie et en temps).

Pour en savoir plus sur la place de la culture low tech au sein d’Erasme, nous vous invitions à consulter nos projets et prototypes.

Enfin, nous ne pouvons que remercier l’équipe Low-tech Nation pour leur contribution dans la rédaction de cet article.

Documents :

par Ludivine Bocquier, Anne Laure Collomb